Comment aider / apprendre à votre enfant à réagir face au harcèlement scolaire ?
Le harcèlement scolaire est une réalité douloureuse pour de nombreux enfants, avec des conséquences parfois graves sur leur bien-être psychologique, émotionnel et académique. En tant que parent, il est essentiel de savoir comment aider votre enfant à réagir de manière appropriée pour se protéger et surmonter ces épreuves.
Créer un environnement de communication ouverte
La première étape clé pour aider votre enfant à gérer le harcèlement scolaire est d'établir un climat de confiance où il se sent en sécurité pour partager ses expériences. Ceci n’est pas seulement important pour lui, mais c’est important pour vous car c’est l’une des seules solutions vous permettant d’être tenu au courant de ce qu’il vit.
Encouragez-le à parler de ses journées à l'école, des interactions avec ses camarades, et soyez attentif aux signes de mal-être, tels que la réticence à aller à l'école ou des changements d'humeur. Une élaboration des rapports positifs et des interactions toxiques ou problématiques doit être entreprise, il doit distinguer ce qui est normal de ce qui ne l’est pas, et ceci même s’il le ressent. Le conscientiser est une étape importante.
Posez des questions ouvertes et écoutez activement. Par exemple : "Y a-t-il des choses à l'école qui te dérangent en ce moment ?" ou "Comment ça se passe avec les autres enfants ?". Il vaut mieux ne pas adopter une approche avec un questionnement influencé pour le plonger dans une situation qui n’existe peut-être pas juste pour sonder du type : « Quels sont les enfants qui t’embêtent en ce moment et que te font-ils ? Cette approche indirecte pose problème et n’établit pas un climat de confiance.
Il est essentiel que votre enfant sache qu'il peut parler librement de ses préoccupations, sans crainte d'être jugé ou incompris.
Autre point important, une réticence classique des enfants, est de vous parler et que cela fasse toute une histoire. Dans son esprit, au-delà de votre propre réaction qu’il craint, cela peut vouloir dire : que vous en parliez au prof principal, au directeur, aux encadrants, qu’il finisse par être confronté à son ou ses agresseurs, que cela le fasse passer pour une « balance », un « cafteur » et empire le phénomène qui est déjà extrêmement douloureux pour lui.
Vous devez amener un dialogue lui permettant de savoir qu’il sera entendu et soutenu sans jugement, mais surtout que vous êtes là pour l’aider et veiller à le protéger, que c’est votre rôle, et qu’il faut qu’il vous aide à pouvoir le remplir en vous informant. Et qu’inévitablement cela va engendrer quelques complications momentanées, mais que c’est un mal pour un bien. Il faut aussi qu’il conceptualise, que c’est la seule solution pour que la situation évolue et que tout cela cesse. Vous pouvez l’aider à verbaliser et à envisager différents scénarios, pour l’aider à visualiser les différentes actions et différentes conséquences possibles pour chacun d’eux. Et finalement, « si l’on ne fait rien, alors que peut-il arriver ? », « Si l’on fait ceci, alors à quoi peut-on s’attendre ? ».
Enseigner l'affirmation de soi
Une des manières les plus efficaces de protéger votre enfant contre le harcèlement est de lui apprendre à s'affirmer. L'affirmation de soi consiste à exprimer clairement ses limites sans être agressif. Encouragez-le à utiliser un langage corporel confiant et à répondre calmement mais fermement aux provocations. Il doit paraître fort, en maîtrise de ses émotions et absolument pas intimidé par les tentatives de certains. Ignorer simplement les provocations et humiliations quand elles commencent, ne suffit pas à enrayer le processus qui peut mal finir. Il doit renvoyer une image et avoir une communication appropriée.
En pratiquant des scénarios à la maison, vous pouvez l'aider à se préparer à des situations difficiles. Par exemple, s'il est confronté à des moqueries, il peut dire "Arrête, je n'aime pas ça" ou "Laisse-moi tranquille". Il peut ensuite passer à : « tu te crois malin, visiblement » ou « tes menaces ne me font pas peur » ou encore, « je ne cède jamais au chantage ». Ces phrases simples peuvent l'aider à reprendre le contrôle de la situation. Et si elles ne changent rien, le climat de confiance et la communication établie entre vous sur ce sujet vous permettra de mesurer le sérieux de la situation.
Identifier les sources de soutien à l'école
Il est crucial que votre enfant sache qu'il n'est pas seul et qu'il existe des adultes à l'école qui peuvent l'aider. Assurez-vous qu'il connaît bien les personnes à qui il peut s'adresser, comme un enseignant, un conseiller scolaire, ou un surveillant.
Parfois, il vous dira qu’il ne leur dit pas car de toute façon ils ne feront rien, car il a déjà entendu des histoires ou a vécu personnellement des injustices qui le laisse penser que cela ne servira à rien.
C’est alors que vous devez lui expliquer que la façon dont les adultes référents géreront la situation est encore autre chose qui est en dehors de son pouvoir et dont il n’est pas responsable. Mais leur dire, implique leur responsabilisation et les empêche de nier plus tard, avoir été au courant de quoi que ce soit. Il faut aussi lui indiquer que pour que ces adultes se rendent compte de l’évolution de la situation, il est nécessaire de les informer continuellement de tout ce qu’il se passe, car si même au début ils n’y prêtent pas attention, ils agiront certainement si cela se répète ou devient chronique.
Expliquez-lui l'importance de signaler immédiatement tout incident de harcèlement. Rappelez-lui que demander de l'aide n'est pas une faiblesse, mais une manière de se protéger et de protéger les autres, car cela peut arriver aussi à ses meilleurs amis ou à son amoureuse et demandez-lui alors comment il le vivrait si cela arrivait.
Renforcer l'estime de soi
Le harcèlement peut avoir des effets dévastateurs sur l'estime de soi de votre enfant. Pour contrer cela, il est essentiel de lui rappeler régulièrement ses qualités et ses réussites, en lien avec ses capacités à s’améliorer et à faire des efforts pour y arriver. Encouragez-le à participer à des activités parascolaires qui lui plaisent et où il peut exceller au sein d’un autre groupe de camarades, que ce soit le sport, les arts, ou toute autre passion.
Ces activités lui permettront de développer sa confiance en lui et de se créer un cercle d'amis partageant les mêmes intérêts, renforçant ainsi son sentiment d'appartenance et de sécurité.
Instaurer des stratégies d'évitement
Parfois, la meilleure réponse à un certain type de harcèlement est de l'éviter. Enseignez à votre enfant à reconnaître les situations potentiellement dangereuses et à s'éloigner des zones où il pourrait être vulnérable, sans dramatiser, comme les couloirs déserts ou les toilettes isolées, dites-lui par exemple de se débrouiller pour rester avec un ou des amis le temps que tout ceci soit résolu.
Il est aussi important qu'il comprenne que ne pas toujours répondre aux provocations et s'éloigner peut-être une stratégie efficace pour désamorcer la situation dans certains cas.
Les stratégies de confrontation
Au-delà de tout jugement et pour l’exhaustivité des propos et des solutions, je mentionnerais aussi que certains parents, partent du principe que la vie est un combat. Que leur enfant doit savoir tenir tête à l’agresseur et que cette dynamique va leur forger un caractère de battant pour la vie.
On navigue dans les eaux du « oeuil pour oeuil, dent pour dent », je ne discuterais pas ici des avantages ou des inconvénients, car la violence n’est pas une solution en soi. Mais parfois, pour survivre face à un agresseur, nul ne pourra nier qu’il faut bien se rebeller et ne pas se laisser faire, sous peine de devenir une victime passive.
Par contre, il est peut-être important de rappeler à l’enfant de faire preuve de mesure dans la réponse et de ne faire que se défendre et poser clairement ses limites, qu’il ne doit défendre que lorsqu’elles sont violées.
Maintenir une vigilance continue
Même après qu'un incident de harcèlement semble résolu, restez vigilant. Observez les comportements de votre enfant pour détecter tout signe de détresse persistante, comme l'isolement ou la baisse de performance scolaire.
Continuez à encourager la communication ouverte et à renforcer l'idée que vous êtes là pour lui, quel que soit le problème.
Demandez aux enseignants d’être vigilants, même si dans certains établissements la politique de l’autruche est de mise. Pour contrer cela, la meilleure solution est d’en parler le plus tôt possible, quand le problème est embryonnaire. Car lorsque le problème est devenu très sérieux voir pourrait avoir des conséquences pénales, il n’est pas rare que l’institution tente d’étouffer ou de minimiser l’affaire, voir mette en place des actions complétement ubuesques au regard de la situation.
Il faut agir et en parler dès les prémisses, c’est beaucoup plus facile à contenir et à enrayer qu’une situation qui dure déjà depuis plusieurs mois.