Comment la pensée flexible améliore les apprentissages ?
La pensée flexible, ou flexibilité cognitive, se définit comme la capacité à adapter ses pensées et ses réactions face à de nouvelles informations ou à des situations imprévues. On peut aller plus loin en parlant également de développer un état d’anticipation. Cela implique de changer de perspective, de trouver des solutions alternatives et de remettre en question des hypothèses initiales rapidement.
Il est possible de considérer les premières études sur la pensée flexible comme remontant à Jean Piaget, célèbre pour son travail sur le développement cognitif chez les enfants. Piaget a observé que, en grandissant, les enfants passaient d’une pensée rigide à une pensée plus abstraite et flexible. Cette transition constitue une dimension clé de la flexibilité cognitive.
Par la suite, des chercheurs comme Ellen Langer ont élargi ce concept en y intégrant la notion de « pleine conscience », un état de conscience active qui favorise une plus grande souplesse mentale. Aujourd’hui, l’un des psychologues les plus reconnus dans le domaine est Adam Grant, professeur à la Wharton School et expert en psychologie organisationnelle. Grant a notamment mis en lumière l’importance de la flexibilité cognitive dans la capacité à apprendre, à innover et à résoudre des problèmes complexes.
La pensée flexible permet de sortir des schémas préconçus et d’envisager des nouvelles solutions, essentielles dans un environnement où les informations sont multiples et parfois contradictoires. Elle est cruciale non seulement pour la réussite scolaire, mais aussi pour le bien-être psychologique, car elle aide à gérer l’incertitude, un aspect de plus en plus présent dans la vie des jeunes, notamment avec l’influence des réseaux sociaux ou des nouvelles attentes du marché du travail.
Les jeunes qui développent cette capacité sont moins susceptibles d’être freinés par les obstacles ou de s’enfermer dans des modes de pensée rigides. Par exemple, un étudiant confronté à un échec en mathématiques pourra réévaluer ses stratégies d’apprentissage au lieu de simplement conclure qu’il n’est pas fait pour cette matière. Cette agilité cognitive permet une résilience face aux échecs et un développement continu. Même si la flexibilité cognitive présente de nombreux avantages, elle n’est pas toujours facile à enseigner ou à intégrer dans le quotidien des jeunes. Certains obstacles, comme la pression scolaire, peuvent pousser les élèves à adopter une pensée rigide centrée sur la performance et la mémorisation. De plus, les environnements familiaux ou sociaux qui valorisent la conformité plutôt que la réflexion individuelle peut également limiter l'émergence de cette compétence.
Un exemple concret : l'éducation aux États-Unis
Dans le système éducatif américain, certains programmes expérimentaux, comme le projet "Design Thinking" dans les écoles de Stanford, tentent de développer la flexibilité cognitive chez les élèves. Ils introduisent des méthodes pédagogiques qui valorisent l'itération, la résolution de problèmes et la pensée critique. Ces initiatives montrent qu’il est possible de faire évoluer l'éducation pour inclure un enseignement plus axé sur la flexibilité et l’adaptabilité mentale.
Je proposerai dans deux articles à venir en suivant des applications concrètes pour encourager et favoriser le développement de cette compétence indispensable.
Références :
• Grant, A. (2021). Think Again: The Power of Knowing What You Don't Know. Viking.
• Diamond, A. (2013). Executive functions. Annual Review of Psychology, 64, 135-168.
• Zelazo, P. D., & Carlson, S. M. (2012). Cognitive flexibility: Developmental approaches. In R. Sternberg & S. B. Kaufman (Eds.), The Cambridge Handbook of Creativity (pp. 119-139). Cambridge University Press.
• Giedd, J. N. (2004). Structural magnetic resonance imaging of the adolescent brain. Annals of the New York Academy of Sciences, 1021(1), 77-85.
• Piaget, J. (1936). La naissance de l'intelligence chez l'enfant. Delachaux et Niestlé.