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Femme HPI : quand la distinction devient une stratégie de niche

L’exploration des distinctions genrées dans la douance revêt une importance capitale pour une compréhension nuancée et juste de la situation. Traditionnellement, la société a souvent catégorisé les individus surdoués en fonction de leur sexe, induisant ainsi des biais qui affectent tant la reconnaissance que le développement des talents. Or, cette vision binaire ne reflète pas la complexité de la douance et néglige les besoins spécifiques de chaque individu. En outre, les stéréotypes genrés influencent la perception publique, les interventions éducatives et les stratégies d’accompagnement, engendrant des inégalités persistantes.

Les recherches scientifiques permettent de se rendre compte que les expériences uniques auxquelles les femmes surdouées sont confrontées sont contextuelles et ne sont significativement pas différentes de celles des hommes, nous l’avons vu dans les deux articles ayant pour titre « Douance féminine et masculine : …». Les résultats de ces études et méta analyses contrastent souvent avec les représentations simplifiées trouvées dans la littérature spécialisée et populaire ou les ouvrages de vulgarisation, mais aussi les podcasts, les blogs, les vidéos YouTube ou les coach instagram, qui offrent des représentations souvent déformées des filles et femmes surdouées, influençant ainsi la perception personnelle de leur public sur leurs expériences. Pour certains auteurs ou accompagnants, il est utile de véhiculer la notion d’une définition des besoins particuliers pour un public de surdoué spécifique, qui quel que soit leur sexe, souffre parfois d’un problème d’image ou de reconnaissance. Car en effet, créer un besoin et ne mentionner exclusivement qu’une certaine catégorie de surdoués est le meilleur moyen de développer une niche de clientèle et former un groupe autour d’une pensée.

Il est donc primordial de reprendre brièvement ce que nous avons déjà abordés dans d’autres articles avant d’explorer les enjeux marketing de positionnement, et l’impact pour la femme surdouée.

Le contexte scientifique : Il n’y a pas de différence significative entre les sexes

Les recherches montrent que les différences entre les sexes dans les capacités cognitives et les expériences des surdoués sont minimes et principalement contextuelles. Hyde et Linn (1988) ont mené une méta-analyse et ont analysé les différences de capacités verbales et mathématiques entre les sexes à partir de 165 études. Leur recherche a montré que les différences observées étaient davantage dues à des facteurs sociaux et éducatifs qu'à des différences biologiques intrinsèques. Stoet et Geary (2018) ont analysé les performances des élèves dans plus de 80 pays et ont constaté que dans les pays où l'égalité des sexes est plus avancée, les filles réussissent aussi bien, voire mieux que les garçons en mathématiques.

Les recherches concluent que les différences entre les sexes dans la douance sont largement contextuelles et non intrinsèques. Cela suggère que les distinctions genrées dans la douance sont souvent surévaluées et qu'il est important de se concentrer sur les besoins individuels.

Le contexte des représentations populaires et médiatiques : basée sur des stéréotypes

La représentation des filles surdouées dans la littérature spécialisée et populaire a souvent été stéréotypée, dépeignant des besoins spécifiques de par leur différence sexuelle. Dans les médias, ces jeunes filles sont fréquemment présentées comme des prodiges isolés, entourées de récits de précocité intellectuelle qui ne tiennent pas compte de leur diversité. Aux États-Unis, un article du New York Times dépeint les filles surdouées comme étant constamment en lutte contre les attentes sociales de conformité. De même, The Atlantic souligne les pressions académiques disproportionnées qu'elles subissent, en mettant l'accent sur la culture de la perfection académique. En France, Le Monde aborde la question des filles surdouées en soulignant les obstacles qu'elles rencontrent dans le système éducatif, tout en risquant parfois de les présenter principalement comme des victimes de leur propre intelligence. Je ne vais pas ici rentrer dans la précision puisque cela a été fait dans un autre article et que l’important est avant tout de retenir la mise en avant régulière dans la douance par le prisme des préjugés de genre qui ont la vie dure et ne sont validés qu’empiriquement, à partir d’échantillons très faibles de surdouées ayant des problèmes, et allant voir des spécialistes à cette occasion. C’est ce qu’on appelle un biais d’échantillonnage. Ces observations ont donc une valeur statistique quasi nulle, pour être souple.

Stratégies de niche et marketing spécifique de la douance au féminin

Dans le monde de l’entrepreneuriat ou des formations multidisciplinaires à l’accompagnement, de la sophrologie au coaching, il est souvent conseillé de se spécialiser pour se démarquer. Les experts en marketing et les coachs en développement personnel encouragent les apprenants à identifier ou à créer une niche pour attirer un public cible spécifique. Cette stratégie de segmentation de marché est perçue comme une voie nécessaire vers le succès commercial dans un monde où il est devenu difficile pour le professionnel moyen d’apporter plus de valeur qu’un autre. Dans ce contexte, certains ont malheureusement choisi de se focaliser sur la douance féminine, créant ainsi une niche, avec des offres censées répondre aux besoins des femmes surdouées.

La création d'une niche autour de la douance féminine soulève des questions fondamentales quant aux conséquences de telles pratiques. Cette approche pose avant tout problème pour cette capitalisation sur des stéréotypes de genre, qui nourrissent la pensée populaire en renforçant les croyances, transformant la perception de la douance sur la base d’hypothèses qu’aucune argumentation ne soutient.

L’apparition de services d’accompagnement spécifiques pour les femmes surdouées met en lumière l’absurdité de la situation. Comme si certaines offres étaient construites spécifiquement pour elles. Pour illustrer mon propos, une rapide recherche fait remonter quelques offres via des ouvrages et programmes de coaching dédiés exclusivement aux femmes surdouées, dont voici une liste non exhaustive :

o   Coaching et développement personnel

o   Gestion du stress

o   Équilibre vie / travail

o   Développement de l’estime de soi

o   Confiance en soi

o   Ateliers sur le perfectionnisme

o   Programmes de leadership

o   Gestion des émotions

o   Mentorat

o   Formation sur l’intelligence émotionnelle

Bien que ces sujets soient pertinents, leur présentation comme étant dédié spécifiquement aux femmes, et spécifiquement surdouées, dans leur nature, perpétue des distinctions artificielles et soulève de nombreux problèmes et avant tout l’impact sur les femmes.

Impact sur les femmes surdouées

Les entreprises et les coachs spécialisés utilisent des stratégies de marketing efficaces sur le plan commercial pour attirer un public féminin en jouant sur des sentiments d’appartenance au groupe et de besoin de compréhension unique, qui a des conséquences néfastes sur les perceptions et va même jusqu’à renforcer le sentiment de différence de la femme surdouée, alors que toute la recherche empirique montre bien que cette grande différence avec la norme a été mal vécue durant parfois de nombreuses années, voir toute leur vie.

Il y a là l’utilisation d’un levier psychologique qui me semble particulièrement pernicieux et incohérent de la part d’une catégorie d’accompagnants se positionnant comme visant le bien – être de leur clientes.

Cette situation crée une dichotomie insupportable de mon point de vue, entre les objectifs des uns et les attentes des autres, surtout lorsque celles-ci sont nées parfois d’une souffrance profonde qui a conduit à la démarche volontaire de se faire accompagner.

Accessoirement je le rappelle, c’est en totale contradiction avec les conclusions scientifiques sur la similitude des besoins cognitifs des personnes surdouées, indépendamment de leur sexe.

L'impact de la croyance en des besoins spécifiques et distincts pour les femmes surdouées est considérable. Cette approche renforce non seulement les distinctions de genre, mais elle perpétue également des inégalités et des stéréotypes et véhicule des concepts ridicules et des croyances avec le bien-être en ligne de mire. Paradoxalement, on assiste à ce phénomène dans une société ou d’après les gourous du développement personnel, se croire et se penser unique amène sur le chemin de la meilleure version de soi-même et est devenu le symbole de l’acceptation et de l’affirmation de soi. En faisant croire aux femmes surdouées qu'elles nécessitent un traitement particulier, on alimente une vision réductrice de la douance qui ne prend pas en compte la diversité des expériences individuelles.

On peut ici faire un parallèle amusant et questionner le rapport à l’inclusif et notamment si la distinction a priori ou plus précisément genrée n’est pas contre-productive sur le chemin du tout inclusif. C’est un autre débat.

Pour finir, je considère que cette approche peut être nocive pour l’avancée de la pensée sur la douance. En maintenant des distinctions artificielles, elle empêche une compréhension plus méta et holistique des besoins des personnes surdouées. Cela peut également limiter l'accès à des ressources et à des soutiens adaptés pour tous, en renforçant des barrières basées sur le genre plutôt que sur les besoins réels.

Pour progresser vers une approche plus inclusive, il est nécessaire de se concentrer sur les besoins individuels et de sensibiliser le public aux implications des distinctions genrées. En adoptant une perspective holistique, nous pouvons offrir un soutien plus adapté et équitable à toutes les personnes surdouées, indépendamment de leur sexe.

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