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La différence entre influence et manipulation et les raisons de ces comportements

Je suis souvent étonné de la façon dont ces termes sont employés, que ce soit au sein d’articles de bloggeurs ou vlogeurs plus ou moins qualitatifs que dans la littérature et les recherches en psychologie sociale ainsi qu’en psychologie clinique notamment celle très à la mode sur le narcissisme, qu’il s’agisse de la question de la personnalité narcissique ou du trouble de la perversion narcissique.

Cette incompréhension dans l’emploi de ces termes m’a conduit à m’interroger.

Bien sûr, il existe une différence étymologique entre les deux termes, mais ce n’est pas le sujet ici.

Il faut selon moi s’attacher avant tout au sens de ces mots, puisqu’ils sont utilisés en tant que qualificatif d’une action.

Pour le Larousse, l’influence est le fait d’une « Action, généralement continue, qu’exerce quelque chose sur quelque chose ou sur quelqu’un » et la manipulation serait l’« Action d’orienter la conduite de quelqu’un, d’un groupe dans le sens qu’on désire et sans qu’ils s’en rendent compte ».

Cela sous-tendrait que la différence fondamentale entre l’influence et la manipulation résiderait dans le fait que la victime s’en rende compte.

Le contexte semblerait donc également jouer un rôle pour pouvoir identifier influence ou manipulation de par les exemples proposés : un exemple de manipulation politique dans un cas, et celui de la télévision qui influence les jeunes dans un autre.

Des concepts qui s’entremêlent d’ailleurs dans le recueil d’expressions utilisant le terme influence, nous trouvons ; « … soumis à une manipulation d’ordre idéologique, psychologique. ». De plus, l’usage du terme « idéologie » renvoie également à la politique, qui est dans l’inconscient collectif indubitablement corrélée à la manipulation.

Dans le cas du Larousse, la frontière supposée entre le sens des deux termes devient ténue, si tant est qu’elle existe encore.

Il est bon de signaler que le Petit Robert ne fait pas cette distinction.

Je considère que cette distinction est totalement dénuée de logique puisqu’il existe bon nombre de situations où l’on influence l’autre sans qu’il s’en rende compte.

Que penser de l’influence des sons et des sensations ressenties lorsque le fœtus est dans le ventre de sa mère et qui participe à l’élaboration de sa construction ?

Que penser d’une maîtresse de CP qui pour s’assurer de la motivation et de l’investissement de ses élèves introduit un système de bons points pour chaque bonne réponse ou bon comportement, débutant ainsi la construction de l’échafaudage et du conditionnement par la préparation de la mise en place future du système de notation des productions scolaires afin de soutenir la compétition, ce qui deviendra le moteur bien pauvre et sûrement jamais questionné, de la motivation des élèves pendant tout leur parcours d’étudiant.

Nous sommes bien ici dans des cas où la victime ne s’en rend pas compte et n’en a pas conscience. S’agirait-il alors de manipulation ?

Compte tenu des exemples vous devriez être choqué de l’emploi du terme manipulation pour qualifier l’action de la source.

La dimension de la volonté de la source n’est pas abordée alors que dans une certaine mesure cela a de l’importance. Cela dit, la source peut vouloir influencer ou manipuler consciemment une victime, ce ne peut donc être un critère de distinction.

Il paraît difficile de faire tenir la distinction entre ces deux termes sur cette seule notion de conscience, mais, si l’on est choqué à l’idée d’utiliser le terme de manipulation dans ces exemples, nous avons peut-être mis le doigt sur le problème.

La différence ne résiderait-elle pas simplement au niveau de la représentation et de la projection subjective et suggestive du mot plutôt qu’au niveau du sens ?

L’influence ayant une image de légèreté, presque parfois une composante d’« ignorabilité », lorsque la manipulation a ce « je ne sais quoi » d’intolérable.

Et c’est peut-être ici que la question de l’étymologie des deux mots pourrait être intéressante pour comprendre ce qui dans notre histoire a fait passer le mot « manipulation » du côté obscur. Après tout, on peut rapidement trouver un exemple puisque c’est celui qui a servi à caractériser les effets de la propagande nazie sur le peuple allemand, par exemple.

Il s’agit bien dans les deux cas d’une action sur quelqu’un ayant pour finalité de s’assurer que quelque chose se développe d’une certaine manière, de générer quelque chose ou un changement et principalement (voir uniquement) un comportement, même si cela passe par différentes phases en amont, tel qu’un changement d’idée.

Je m’explique : lorsque l’on souhaite provoquer un comportement, les publicitaires ou les penseurs du marketing de masse tentent généralement d’agir sur les pensées ou les opinions et c’est d’ailleurs pour cela que l’on parle d’opinion publique, une donnée importante pour les politiques. L’histoire nous a démontré une certaine efficacité de ces procédés. Pourtant, et c’est amusant de le souligner, de récentes recherches en psychologie sociale montrent que ce n’est pas la méthode la plus efficace, celle qui provoquera le changement chez le plus grand nombre de personnes. Pour faire changer les comportements, il semblerait qu’il faille plutôt « montrer l’exemple », mettre en scène ce que d’autres font déjà ou pensent déjà. Lorsque cela est possible, créer une compétition marcherait très bien également. Le comportement que nous cherchons à générer par le mimétisme, la volonté de ne pas être le dernier, où la volonté d’appartenir au groupe fera le reste, pour ne nommer que trois processus.

Un exemple intéressant : un hôpital avait du mal à faire en sorte que ses infirmiers et infirmières se lavent les mains en rentrant et en sortant de chaque chambre. Ils ont donc mis en place des compteurs un peu partout, comptant le nombre de fois que chacun se lavait les mains en créant et affichant des classements. La fréquence de lavage des mains a alors explosé, pour le bien de tous les patients.

Le seul fait de donner une information, que ce soit « lavez-vous les mains à chaque fois pour ne pas propager les maladies dans l’hôpital » ou du type « il faut recycler, car c’est mieux pour l’environnement, la planète que nous laisserons à nos enfants » ne suffit pas à générer chez un grand nombre de personnes des comportements ou à les modifier. Par contre, il aurait été démontré (je n’ai pas la source de l’étude) qu’il suffirait d’afficher comme encart publicitaire un médaillé olympique en train de trier ses déchets pour que l’engouement pour le « tri sélectif » augmente massivement, alors que la seule information (énoncée plus haut) aurait un impact très faible.

Si l’on tente de faire changer d’opinion quelqu’un, ce n’est pas simplement pour la beauté du geste ou un altruisme dévorant dans le meilleur des cas, nous y avons généralement un intérêt, qui dépasse bien entendu le cadre de la politique et s’exprime au quotidien dans nos vies.

C’est bien cet intérêt, le moteur qui pousse, naturellement ou pas, instinctivement ou pas, consciemment ou pas, à influencer autrui, quelle que soit la nature de l’intention sous-jacente.

Il peut s’agir d’un besoin de contrôler son environnement, de plier l’autre à ses règles issues de notre éducation, se sentir écouté, de se rassurer ou encore de convaincre pour se prouver que l’on a raison et cela peut aller jusqu’à générer un changement de comportement banal ou important : que l’autre finisse par penser comme nous sur un certain sujet ou qu’il arrête de laisser traîner quelque chose, qu’il nous prouve une attention ou un certain respect attendu, ou encore qu’il corresponde mieux à l’image que l’on veut se faire de lui ou que l’on projette sur lui. Les motivations peuvent être nombreuses tout comme les changements de comportements attendus variés.

L’individu use alors de techniques différentes et certains sont plus ou moins doués, mais là n’est pas la question.

Ces exemples ne concernent bien évidemment que la vie quotidienne, cependant, quel que soit le contexte, le rapport est le même, l’individu tente d’influencer ou de manipuler quelqu’un pour se satisfaire.

D’ailleurs, dans la sphère privée comme publique, lorsque cette tentative échoue, cela peut provoquer des conflits.

Ces conflits sont un indicateur qui démontre qu’il s’agit d’une action intéressée, car nous ne rentrons pas en conflit pour des choses qui ne nous touchent pas, qui n’ont pas d’enjeu ou qui n’ont pas d’importance pour nous.

Si l’on part du principe que le processus d’influence ou de manipulation ait la même origine liée à la satisfaction d’un individu ou d’un groupe, la même action et un type de finalité similaire, alors les deux mots désignent bien la même chose.

La seule différence entre les mots « influence » et « manipulation » n’existe alors que dans l’inconscient collectif, lui-même influencé par l’histoire, et la connotation des référentiels des types de comportements inacceptables auquel le mot « manipulation » peut être associé semblant créer une différence de gravité du processus. Comme si s’opérait une fusion entre les actes que le processus a cherché à promouvoir et le processus lui-même. Pourtant, le type d’effets que ces deux mots servent à décrire est bien identique et ne peut de toute façon pas s’étalonner ou se différencier sur la notion de gravité des effets qui est parfaitement subjective et souvent impossible à déterminer avec exactitude.

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