La stigmatisation des enfants surdoués vue par la psychologie sociale dans le système éducatif
L'éducation des enfants surdoués est souvent marquée par diverses difficultés, supposément différentes des enfants dits « typiques », dont l'un des plus préoccupants est la stigmatisation.
Il n’existe aucune donnée statistique précise mais il est clair que beaucoup de ces enfants la vivent, parfois très difficilement et avec des répercussions notables sur leur envie, joie de vivre et socialisation, et bien d’autres problèmes que nous allons aborder, permettant ainsi aux parents une vigilance accrue. Alors que ces enfants sont souvent perçus comme ayant un potentiel exceptionnel, des facilités innées, un don, cette perception peut également les isoler et les rendre vulnérables à diverses formes de stigmatisation, tant de la part de leurs pairs que des éducateurs.
I. La perception des enfants surdoués : entre admiration et méfiance
Les enfants surdoués sont vus comme des individus exceptionnels, ce qui peut entraîner une certaine admiration, mais aussi de la méfiance. Selon Léa Dousson, cette perception est double : d'une part, les surdoués sont valorisés pour leurs capacités intellectuelles, d'autre part, ils sont souvent perçus comme différents, voire déconnectés de leurs pairs. Cette dualité peut conduire à une marginalisation au sein du système scolaire.
Des recherches comme celles de Cross et Coleman (2005) montrent que cette stigmatisation peut entraîner des effets négatifs sur le développement social et émotionnel des enfants surdoués. Ils peuvent être aussi victimes de harcèlement scolaire, se sentir isolés ou être perçus comme des "intellos" ou des "bêtes de foire" par leurs camarades. On connait tous la représentation du premier de la classe dans l’imaginaire collectif, le surdoué sans être forcément le premier peut être exclu du groupe, de son fait ou par les autres, lié à l’écart à la norme.
II. Le rôle des enseignants dans la stigmatisation
Les enseignants jouent un rôle crucial dans la manière dont les enfants surdoués sont perçus et traités en classe. Si certains enseignants valorisent les talents de ces enfants, d'autres peuvent involontairement contribuer à leur stigmatisation. Par exemple, un enseignant qui met constamment en avant les réussites d'un élève surdoué peut, sans le vouloir, le mettre en décalage avec ses camarades.
Une étude de Moon (2009) souligne que la formation des enseignants sur les besoins spécifiques des enfants surdoués est souvent insuffisante. En l'absence de formation adéquate, les enseignants peuvent ne pas être en mesure de répondre aux besoins complexes de ces élèves, exacerbant ainsi leur sentiment d'isolement, au-delà des problématiques de pédagogie et d’apprentissages, de nourrir l’envie ainsi que tout ce qui ne relève pas de la sphère strictement scolaire. Ce qui, en l’occurrence, pourrait d’ailleurs bénéficier à tous les autres élèves…
III. Les conséquences à long terme de la stigmatisation
La stigmatisation des enfants surdoués peut avoir des conséquences à long terme sur leur développement personnel et académique. Des études longitudinales, comme celles de Neihart (2006), montrent que les enfants surdoués qui subissent des formes de stigmatisation peuvent développer des comportements d'évitement, une faible estime de soi, et dans certains cas, des troubles anxieux ou dépressifs.
Pour prévenir ces conséquences, il est essentiel de sensibiliser les éducateurs et les élèves aux réalités des enfants surdoués. Des programmes d'inclusion et de soutien, qui valorisent la diversité des talents tout en encourageant l'intégration sociale, sont nécessaires pour créer un environnement scolaire plus équitable, plus efficace et plus engageant.
Références
- Cross, Tracy L., and Laurence J. Coleman. Being Gifted in School: An Introduction to Development, Guidance, and Teaching. Waco: Prufrock Press, 2005.
- Moon, Sidney M. "Training Teachers of the Gifted: What We Know and What We Need to Know." Gifted Child Quarterly 53, no. 3 (2009): 188-197.
- Neihart, Maureen. "Gifted Children and Depression." Gifted Education International 22, no. 2 (2006): 148-156.