Le storytelling, apprenez cette arme de l’adhésion !
Rien de tel pour vous faire choisir un coach ou un accompagnant comme un soda à la supérette.
Mais comment vous construisez-vous, auteurs et lecteurs, avec toutes ces injonctions cohabitantes, idiotes et incohérentes qu’il faudrait arriver à accueillir en soi, en toute intelligence ?
Le storytelling en relation d’aide et la bien-pensance face à la légitimité. Un combat déjà perdu ? Explorons-en s’amusant.
L’enjeu, c'est de jouer sur les perceptions, d’enrober les succès, de valoriser les échecs jusqu’à les rendre magiques, la diversité, la spécificité, d’être aligné avec ses valeurs et à peu près n’importe quel concept à la mode qu’il est bon d’employer sans trop en connaître le sens, jusqu’à vos incohérences. Ah oui, être incohérent, c'est valorisé ! C’est une bonne chose ça.
Il faut s’accepter aussi et se montrer tel qu’on est, il faut être authentique. Être authentique étant un concept que l’on peut lier en toute incohérence avec le dictat de la meilleure version de soi-même, une question peu approfondie de nos jours. Aucun problème, ça passe tout seul. Mais de toute façon approfondir fait chier tout le monde, il faut rester à la surface des choses, rester dans le divertissant.
Le storytelling rapproche et ferait mieux vendre, il s’agit de créer un monde avec soi-même, le quotidien le plus banal suffira comme pilier pour soutenir son « personnal branding ». Mais évidemment, les histoires s’essoufflent, alors, lorsqu’il n’y a rien à raconter, il est utile, pour son lecteur, de répéter, reformuler ou re-brander ce que vous avez vu, lu ou entendu, et sans citer les sources, c'est du plagiat.
Sinon, si la solution, c'est de repartager des sources sans s’interroger, du type « les 4 accords toltèques » très prisé des coachs pour une raison qui m’échappe, ce n’est pas non plus la solution.
Non mais réfléchissez à ce que vous partagez enfin, allé très très vite, le troisième accord toltèque : « Ne faites pas de suppositions », cette injonction est impossible, le cerveau dans ses processus fait naturellement des inférences sensorielles, émotionnelles ou cognitives avec les données qu’il a, vous ne pouvez pas l’empêcher. Même notre bon Ruiz n’y arrive pas. C’est lié au processus de création de sens.
Attendez, j’en ai oublié, car il est aussi primordial d’être inspirant, donner des émotions, être unique, vulnérable, impactant et s’adresser à la plus petite niche possible, sinon on n’est pas crédible.
C’est la transformation d’un monde ou tout doit devenir positif. Le négatif c’est bouhhhh, pas beau. C’est trop toxique. Rien que le terme est déplaisant, tout comme la contradiction.
Le plus grand ambassadeur de cette transformation perceptive semblent être le mot « impactant » actuellement. J’en ai la nausée mentale à force de le lire.
Au cas où il ne s’en rendrait pas compte, il faut dire au lecteur comment considérer ce qu’il lit : pour être impactant, il faut utiliser ce mot d’un ton péremptoire dans le post ou article.
Parfois, je me demande si le dev perso, l’entrepreneuriat au masculin et au féminin, soyons inclusif, car c’est positif, les réseaux sociaux, etc. ne vont pas rendre fou ou au minimum ultra-exigeant une très grande majorité de la population. Car beaucoup, même s’ils critiquent certains travers de la tendance, n’ont pas l’air de percevoir le trou noir et créer les liens.
Ultra exigeants, et aux effets potentiellement dévastateurs sur toutes nos relations, car si nous envisageons un court instant le problème avec une simple question, ce que l’on est amené à attendre de soi jour après jour, ne crée-t-il pas une norme de représentation de ce que l’on s’attend à trouver chez l’autre ?
Les ressorts d’influences du storytelling sont connus, mais l’aspect le plus dangereux n’est-il pas ce processus de création de légitimité à partir de rien, ou parfois à partir de quelque chose de faux.
Quand le vent imaginaire et creux a plus de sex-appeal et de visibilité que la pensée, l’analyse et les idées ou même une étude de Harvard, n’est-il pas venu le moment de s’interroger ?
La formation, l’expérience, les idées, la méthode, la manière, la réflexion, tout cela est devenu secondaire. Et pourtant c’est ce qui définit en en grande partie la qualité de l’accompagnement.