Au-delà des effets délétères, sur la concentration, les apprentissages, la mémorisation, la motivation et la cognition en général comme cela a été démontré dans de nombreuses études (ce sont des problématiques que je compte aborder dans de futurs articles, plus en lien avec le prisme scolaire), les réseaux sociaux peuvent être une passerelle vers des environnements numériques ou les dérives sont nombreuses. Les réseaux sociaux sont en pleine mutation et attirent des millions d’utilisateurs, notamment parmi les plus jeunes. Alors que des géants comme Instagram, TikTok ou Snapchat qui malgré les controverses restent largement utilisés, de nouvelles plateformes plus spécialisées et bien plus dangereuses émergent, et il est crucial pour les parents de les connaître afin d’être vigilants, d’en parler, de protéger leurs enfants et d’encadrer leur usage du numérique.

Discord : Une plateforme de chat

Initialement créée pour les gamers, Discord est devenu une plateforme de chat à part entière, où les utilisateurs peuvent créer ou rejoindre des "serveurs" (salon de chat) dédiés à des centres d’intérêt variés. Les adolescents y discutent via des canaux textuels ou vocaux, souvent sans surveillance.
Alors ce n’est pas nouveau puisqu’il s’agit d’un remake d’IRC que les post 1990 devraient connaître, mais comme beaucoup de parents ne se rendent pas compte des enjeux et des problèmes potentiels de tels systèmes de messagerie de groupe, ou même, ne mettent pas un concept ni un usage derrière un nom de plateforme, je me devais de l’intégrer à cette liste.

Pourquoi être vigilant : Discord permet de socialiser autour de sujets épanouissants, elle est également parfois utilisée, en fonction des channels, pour des discussions plus problématiques, incluant du cyberharcèlement, l’échange de contenus inappropriés ou l’exposition à des discours haineux. Et ce n’est pas la curiosité qui manque aux ados. Les serveurs privés, difficilement accessibles de l’extérieur, peuvent être compliqués à surveiller pour les parents.

BeReal : Un anti-Instagram

BeReal se distingue en prônant une approche plus authentique des réseaux sociaux. L’application envoie une notification quotidienne invitant ses utilisateurs à poster une photo en temps réel, sans possibilité de la retoucher. L'idée est de contrer les standards irréalistes de beauté et de la vie parfaite véhiculés sur d’autres plateformes comme Instagram ou TikTok.

Pourquoi être vigilant : BeReal favorise une utilisation plus éphémère des réseaux sociaux, mais comme avec tout outil, les jeunes peuvent y être soumis à la pression du conformisme social ou à l’envie de se montrer sous un certain angle. Ce n’est pas sans conséquences et l’on rentre ici également dans quelque chose de bien plus pernicieux, la gamification des rapports à l’image. On jouait déjà sur l’envie de l’être humain de se montrer, d’être adulé et la compétition par le nombre de followers associé à une rémunération personnelle, mais cela ne suffisait pas, après tout il faut apprendre et tenter d’associer tout ce qui hack le cerveau humain, et bien sûr, ils ont trouvé : la gamification.  On commence à la retrouver partout, des apprentissages à l’orientation, de Duolingo à Impala. Là aussi, je prendrai le temps d’écrire sur ce sujet.

Mastodon et les alternatives décentralisées

Face à la croissance des préoccupations sur la vie privée et la modération sur les grandes plateformes, des réseaux sociaux décentralisés comme Mastodon ont gagné en popularité. Contrairement à Twitter ou Facebook, ils sont constitués de serveurs indépendants, gérés par des communautés spécifiques.

Pourquoi être vigilant : si Mastodon offre plus de contrôle aux utilisateurs sur leurs données, la nature décentralisée rend la modération encore plus difficile, ce qui peut permettre toutes les dérives dans un semblant de sécurité et d’impunité et exposer les jeunes à des contenus inappropriés ou à des interactions non régulées et encore plus difficilement dénonciables.

Mais il y a pire...

Il existe également d’autres plateformes émergentes que je ne mentionnerai pas, car je ne vais quand même pas en faire de la publicité ouverte. Mais au même titre que TikTok ou Youtube, elles rémunèrent les créateurs de contenus par le biais de la vente de produits dérivés physiques, de contenus numériques VIP ou plus personnalisés. Et là, il faut faire très attention aux dérives.

L’argent facile a toujours attiré, et pas que les ados, non ?

Le paysage des réseaux sociaux ne cesse d’évoluer, mais surtout de se complexifier au niveau des usages et les extrêmes en finissent par être banalisés, nous avons déjà connu ce principe et ce processus via l’évolution des scripts et des dialogues dans le cinéma hollywoodien en 15 ans. Si certaines plateformes, comme BeReal ou Discord, ont certains avantages sociaux et peuvent encourager une interaction positive, comme se partager des textes ou des créations artistiques au sein de groupes dédiés, d'autres, représentent des dérives à surveiller attentivement. Les parents doivent rester informés des tendances pour guider leurs enfants à travers ces espaces numériques en constante transformation. S’engager dans des conversations ouvertes, poser des limites et utiliser des outils de contrôle parental sont des pratiques essentielles pour naviguer dans ce nouveau monde social.