Les surdoués typiques et atypiques : quel sens et quelle finalité ?
Les surdoués typiques et atypiques : quel sens et quelle finalité ?
La question de la douance suscite un intérêt exponentiel depuis plusieurs années dans les domaines de la psychologie et de l'éducation mais aussi dans les médias, et les particularités permettant de scinder en deux groupes celle des surdoués typiques et atypiques, fait débat, pourtant elle est présentée sur tous les blogs ou les sites de développement personnel comme une évidence sans jamais être questionnée. Je le répète pour le lecteur qui aurait besoin d’une introduction, même si ce n’est pas l’objet de cet article, les surdoués sont généralement définis comme des individus présentant des capacités intellectuelles exceptionnellement élevées par rapport à la norme et identifiés à la suite d’un test de QI montrant un résultat au-dessus de 130 et seul ce test est pris en compte par l’institution. Cependant, cette définition englobe une grande diversité de profils ayant une multitude de caractéristiques plus développées chez certains que chez d’autres ou tout simplement absentes, et nous en aborderons quelques-unes. Ils sont donc classés en deux catégories principales : les surdoués typiques et les surdoués atypiques. Cet article se propose d'examiner en profondeur cette distinction, de critiquer sa pertinence et d'analyser les accompagnements spécifiques ciblant cette classification.
Distinction Typiques et Atypiques
La distinction entre surdoués typiques et atypiques est principalement basée sur les caractéristiques comportementales, des spécificités ou dons particuliers et des performances cognitives. Les surdoués typiques, présentent un développement intellectuel, émotionnel et social relativement équilibré sans autres spécificités associées. Il est parfois avancé qu’ils réussissent généralement bien dans le système scolaire traditionnel, sont souvent bien adaptés socialement et montrent une stabilité émotionnelle. Jean-Charles Terrassier (Terrassier, 1981), psychologue français, a largement contribué à la popularisation de cette distinction avec son concept de "dyssynchronie". En revanche, les surdoués atypiques, ou "dyssynchrones", se caractérisent par des écarts significatifs entre leur développement intellectuel et leur développement émotionnel ou social. Cette dyssynchronie peut conduire à des difficultés d'adaptation, des troubles émotionnels ou des problèmes de comportement. Cela dit Franck Ramus (2017) ne rapporte pas de plus mauvais résultats scolaires chez les surdoués que dans la population générale, et n’aborde pas cela en termes de profils typiques ou atypiques. Il n’y a donc aucune étude aujourd’hui permettant d’affirmer non plus, qu’un profil de surdoué réussit mieux scolairement qu’un autre.
Selon Terrassier, les surdoués atypiques éprouvent souvent des difficultés à trouver leur place dans un environnement scolaire et social qui ne comprend pas ou ne soutient pas leurs besoins spécifiques. Les surdoués atypiques, présentent des caractéristiques qui peuvent masquer leur douance. Ils peuvent avoir des profils de développement inégal, avec des talents exceptionnels dans certains domaines tout en rencontrant des difficultés dans d'autres. Ces individus peuvent également présenter des troubles de l'apprentissage, des problèmes de comportement ou des conditions neurodéveloppementales comme le TDAH ou le spectre autistique. La complexité de leur profil rend souvent le diagnostic et le soutien plus difficiles. Ellen Winner, dans "Gifted Children: Myths and Realities", souligne que ces enfants peuvent être mal compris et sous-estimés dans des systèmes éducatifs traditionnels. Alain Kermadec (Kermadec, 2010) dans son ouvrage "Les surdoués et les autres" souligne également que les surdoués atypiques peuvent souvent être diagnostiqués à tort avec des troubles du comportement ou des troubles de l'apprentissage en raison de leur incongruité apparente entre leurs capacités intellectuelles et leurs performances scolaires. Olivier Revol (Revol, 2014), neuropsychiatre, souligne également que ces enfants peuvent souvent passer inaperçus dans le système éducatif traditionnel, car leurs talents sont compensés ou cachés par leurs défis.
Cette distinction pose également des défis et des questions quant à sa validité, ses enjeux et son utilité, mais surtout cela pose la question de l'accompagnement des surdoués atypiques qui auraient un résultat inférieur à 130 à leur test de QI et ne seraient alors pas reconnus par le système scolaire et ne bénéficieraient donc pas des accompagnements adéquats.
Les limites de cette distinction
La distinction entre surdoués typiques et atypiques n'est pas sans controverse. Plusieurs chercheurs, praticiens et auteurs, remettent en question la rigidité de cette classification, arguant qu'elle ne reflète pas fidèlement la complexité et la diversité des profils de douance. Les critiques soulignent que la dichotomie typique/atypique peut conduire à des stéréotypes et à des malentendus, entravant ainsi une compréhension nuancée des besoins des surdoués.
Selon Howard Gardner (Gardner, 1983), psychologue américain connu pour sa théorie des intelligences multiples, la douance est un phénomène complexe qui ne peut être réduit à des catégories rigides. Gardner précise que chaque individu possède un ensemble unique de capacités et de compétences qui se manifestent de différentes manières. Cette perspective remet en cause l'idée que les surdoués peuvent être facilement classés comme typiques ou atypiques, soulignant plutôt la nécessité d'approches individualisées pour chaque enfant surdoué.
Alain Sotto, dans "Les enfants intellectuellement précoces", cite plusieurs auteurs qui critiquent la division binaire entre surdoués typiques et atypiques. Par exemple, la psychologue américaine Linda Silverman (Silverman, 2012), connue pour ses travaux sur les enfants à haut potentiel, souligne que la diversité des profils de douance nécessite une approche plus flexible et inclusive. Pour elle aussi, chaque enfant doué présente des caractéristiques uniques qui ne peuvent être capturées par des catégories simples et elle indique que l'accent devrait être mis sur la compréhension des besoins individuels plutôt que sur la classification rigide.
De plus, les profils des surdoués peuvent fluctuer au fil du temps et en fonction des contextes environnementaux et éducatifs (Terrassier, 2007). Cette perspective dynamique suggère que la classification typique/atypique peut être trop statique et ne pas tenir compte de l'évolution rapide durant l’enfance et l’adolescence des besoins et des capacités des enfants doués. Cette classification binaire, bien qu'elle aide à se représenter la diversité des spécificités des surdoués, ne rend pas justice à la complexité des personnalités et des besoins.
L’enjeu de l’accompagnement
Les programmes éducatifs et les interventions psychologiques conçus plus particulièrement pour les surdoués typiques sont également sujets à des critiques. Bien que ces programmes visent à répondre aux besoins spécifiques des différents profils de douance, leur efficacité et leur pertinence sont souvent remises en question.
Les programmes pour surdoués typiques mettent généralement l'accent sur l'enrichissement académique et les défis intellectuels. Cependant, comme le souligne le psychologue français Olivier Revol (Revol, 2014), ces programmes peuvent négliger les besoins émotionnels et sociaux des enfants, en particulier ceux qui ne s'adaptent pas facilement aux attentes scolaires traditionnelles. C’est d’autant plus important pour les surdoués atypiques de bénéficier d'approches éducatives plus globales qui prennent en compte leur développement émotionnel et social en plus de leurs capacités intellectuelles. Le coaching prend alors tout son sens.
En parallèle, les programmes conçus pour les surdoués atypiques, qui mettent souvent l'accent sur le soutien émotionnel et le développement social, peuvent parfois manquer de rigueur académique. James T. Webb (Webb, 2016), psychologue américain et auteur de plusieurs ouvrages sur la douance, soutient que ces programmes peuvent, involontairement, abaisser les attentes académiques pour ces enfants, ne leur offrant pas les défis intellectuels dont ils ont besoin pour se développer pleinement. Webb souligne l'importance d'équilibrer le soutien émotionnel et social avec des opportunités académiques stimulantes pour tous les enfants doués, quel que soit leur profil.
Enfin, la distinction typique/atypique peut parfois conduire à des interventions standardisées qui ne tiennent pas compte des besoins individuels de chaque enfant. La psychologue française Arielle Adda (Adda, 2003), spécialisée dans la douance, précise que les interventions doivent être personnalisées et flexibles, adaptées aux caractéristiques uniques de chaque enfant. La rigidité des programmes basés sur des classifications peut limiter l'efficacité des interventions et ne pas répondre adéquatement aux besoins des surdoués.
Conclusion
La distinction entre typiques et atypiques offre une perspective intéressante sur la diversité des profils de douance, mais la rigidité de cette classification peut limiter la compréhension nuancée des besoins des enfants et entraver l'efficacité des interventions éducatives et psychologiques. Il est crucial de reconnaître la complexité et la diversité des spécificités des surdoués et de développer des approches flexibles et individualisées pour répondre à leurs besoins spécifiques. La recherche continue et les perspectives multidisciplinaires sont essentielles pour améliorer notre compréhension et notre soutien aux enfants à haut potentiel, afin de leur permettre de s’épanouir dans leur scolarité et socialement.
Franck Ramus (2017), dans son Blog « Ramus Méninges » critiques les idées reçues sur les surdoués et souligne dans les études qu’il présente que la majorité des enfants à haut potentiel réussissent mieux scolairement que la moyenne, contredisant le mythe d'une souffrance généralisée parmi eux. Cependant, pour les surdoués atypiques, les défis scolaires et sociaux peuvent être plus prononcés, nécessitant une attention et un soutien supplémentaires.
C'est ici qu'intervient le coaching, offrant un accompagnement à 360° qui dépasse les limites rigides des approches éducatives ou psychologiques traditionnelles. Un coaching personnalisé permet de :
1. Adapter les méthodes d'apprentissage : Les enfants surdoués ont parfois un style d'apprentissage unique et souvent intimement lié à l’envie qui n’est pas toujours présente lorsque c’est trop scolaire. Le coaching peut identifier et adapter les méthodes pédagogiques qui conviennent le mieux à chaque enfant, assurant une meilleure rapidité d’assimilation des connaissances.
2. Soutien émotionnel et social : Les surdoués peuvent rencontrer des difficultés émotionnelles et sociales. Le coaching offre un espace sûr pour aborder ces problèmes et trouver des solutions, favorisant son développement émotionnel.
3. Développement des compétences non cognitives : Outre les compétences académiques, le coaching peut aider les enfants à développer des compétences telles que la gestion du temps, l’organisation, la recherche de sens pour faire naître l’envie, la résolution de conflits, mais aussi la pensée critique, la rigueur, la créativité, etc.
4. Flexibilité et individualisation : Contrairement aux approches traditionnelles et multiples, le coaching est flexible et s'adapte aux besoins individuels de chaque enfant, permettant des changements qui se ressentiront jusque dans la sphère familiale.
Une approche holistique et sur mesure qui peut significativement améliorer leur expérience scolaire et personnelle, les aidant à réaliser leur plein potentiel sans être limités par les cadres éducatifs traditionnels, pour plus de détails je vous invite à consulter les accompagnements que je propose.
Références
- Adda, A. (2003). L’enfant doué : L’intelligence réconciliée. Paris : Odile Jacob.
- Gardner, H. (1983). Frames of Mind: The Theory of Multiple Intelligences. New York: Basic Books.
- Kermadec, A. (2010). Les surdoués et les autres. Paris: L'Harmattan.
- Silverman, L. K. (2012). Giftedness 101. New York: Springer.
- Olivier Revol, (2014) On m'avait dit que j'étais trop sensible.
- Terrassier, J.-C. (2007). Les enfants surdoués ou la précocité embarrassante. Paris: ESF Éditeur.
- Webb, J. T. (2016). Misdiagnosis and Dual Diagnoses of Gifted Children and Adults. Scottsdale: Great Potential Press.
- Winner, Ellen. Gifted Children: Myths and Realities. Basic Books, 1996.
- Ramus, F. (2017). La pseudoscience des surdoués. Blog Ramus Méninges. Consulté à l'adresse : https://www.ramus-meninges.fr/2017/02/03/la-pseudoscience-des-surdoues/