Les tests de QI : avantages et limites pour évaluer la douance
Les tests de quotient intellectuel (QI) sont couramment utilisés pour évaluer l'intelligence et, par extension, identifier les personnes à haut potentiel intellectuel, souvent désignées comme « surdouées ». Ces tests mesurent divers aspects des capacités cognitives, tels que la mémoire, la logique, et la compréhension verbale. Toutefois, malgré leur prévalence et leur utilité, les tests de QI présentent à la fois des avantages et des limites qui influencent leur capacité à évaluer avec précision la douance. Mais surtout, et cela a sa place dans cette introduction, le QI est un élément d’acceptation d’une reconnaissance pour la société et l’institution. Ce résultat d’aptitudes cognitives ne saurait retranscrire l’écart abyssal qui sépare les surdoués aux individus dite ‘typiques » dans leur rapport au monde et à l’autre ou comme le dit Tinoco dans ses vidéos Youtube que je ne pourrais ici citer en référence précisément, reprenant des formules de surdoués, les typiques verraient le monde en 2D, là où les surdoués le conceptualiseraient et le verraient en 3D. La douance va bien au-delà des résultats cognitifs et se différencie surtout de la norme dans les dimensions et les questions de rapport à l’autre, de questionnement, d’acceptation de la limite, des normes, d’appartenance au groupe, etc.
Mais force est de constater qu’aujourd’hui, seul le résultat à un test de QI fait foi auprès de l’état pour être reconnu en tant que tel. C’est pourquoi j’aborderais cet article par cette fenêtre, sans évoquer la multitude de caractéristiques ou le fonctionnement particulier.
Je dirais juste une chose, parmi ces caractéristiques, il y en a certaines qui n’ont aucune validité scientifique et ne sont qu’une projection de leurs auteurs, comme la pensée dite « en arborescence » que l’on voit reprise partout, mais il en existe d’autres et ce sera l’objet d’un article spécifique.
Ce n’est pas non plus l’objet de l’article alors je profite de l’introduction pour aborder brièvement la question du cadre de la passation, son introduction auprès de l’enfant mais également l’explication claire de chaque consigne en s’assurant que l’enfant ait bien compris sont primordiales pour un résultat cohérent et fiable. Mais surtout, je ne saurais trop recommander pour les enfants qu’un parent assiste à la passation du test, afin d’identifier plus finement le résultat en fonction de la façon de l’enfant à répondre aux questions. La simple intimidation peut faire passer un enfant pouvant définir clairement un mot de vocabulaire en temps normal en un enfant hésitant le jour du test et rencontrant des difficultés à être clair et précis. Mais également, certains exercices comme les matrices peuvent être difficiles à appréhender si ceux-ci ont été mal expliqués par le psychologue faisant passer le test, ou s’ils sont simplement mal compris par l’enfant, ce qui peut le faire échouer à une partie entière du test ce qui influe sur le résultat, alors qu’une bonne explication lui aurait permis d’exceller.
Les tests de QI présentent certains avantages
L’un des principaux avantages des tests de QI est leur standardisation et leur rapidité de diagnostic. Ces tests sont conçus pour être administrés de manière uniforme à tous les participants, permettant une comparaison objective des résultats. Cette standardisation est essentielle pour obtenir des mesures cohérentes et fiables des capacités cognitives brutes. Selon Wechsler (2008), les tests de QI tels que le WISC (Wechsler Intelligence Scale for Children) offrent une évaluation robuste et uniforme des compétences cognitives, permettant ainsi de détecter les niveaux de douance à partir de scores élevés. Ils permettent de mesurer des compétences spécifiques telles que la logique, la mémoire de travail, et la vitesse de traitement, qui sont des indicateurs clés de la douance. Ils fournissent une évaluation détaillée des forces cognitives d'un individu, facilitant ainsi l’identification de capacités intellectuelles.
Les résultats des tests de QI peuvent aider à la planification éducative en fournissant des informations précieuses sur les capacités cognitives d'un enfant. Cela permet dans le meilleur des cas aux éducateurs et aux parents de concevoir, lorsque cela s’avère nécessaire pour palier à des difficultés notamment scolaires, des interventions pédagogiques adaptées et des programmes d'enrichissement. Selon Renzulli (2005), les tests de QI peuvent guider la création de programmes éducatifs qui répondent aux besoins particuliers des enfants surdoués en leur offrant des défis appropriés.
Ces tests de QI présentent cependant quelques inconvénients
Ils se concentrent principalement sur les compétences cognitives mesurables et ne capturent pas toutes les dimensions de la douance, telles que la créativité, l'intelligence émotionnelle ou les talents spécifiques. Gardner (1983) propose une vision plus large de l'intelligence à travers sa théorie des intelligences multiples, qui inclut des aspects non mesurés par les tests de QI, comme les compétences interpersonnelles et intrapersonnelles.
Ils sont aussi influencés par de multiples biais comme des facteurs socio-culturels et environnementaux. Selon Helmreich et Staw (1974), les différences culturelles et socio-économiques peuvent affecter les performances aux tests de QI, ce qui peut fausser l'évaluation des capacités intellectuelles réelles des enfants issus de milieux variés et avantager certains groupes au détriment d'autres. Mais il est également connus que l’envie, la patience, la bonne compréhension de ce qui est demandé, la concentration, l’humeur et beaucoup d’autres choses peuvent faire varier facilement de quelques points le score et que l’œil du spécialiste est également prépondérant. Il est ainsi facile de « créer des surdouées » dans un modèle économique ou le parent est prescripteur et a des attentes à combler. Le marché des tests et pas seulement du WISC, mais aussi ceux pour évaluer l’hypersensibilité ou l’hyperémotivité et j’en passe, pose la question de l’enjeu économique et social, que je ne traiterais pas ici.
Enfin, La tendance à se concentrer uniquement sur les résultats des tests de QI peut conduire à un réductionnisme, en ne tenant pas compte de l’ensemble des capacités et des talents d’un individu. Les tests de QI ne mesurent pas la passion, la créativité, l’émotivité, la vision du monde, la sociabilité, le rapport à l’autre, la motivation, ou l'engagement envers des domaines spécifiques, qui sont également des aspects importants de la douance. Silverman (2013) met en garde contre une interprétation étroite des scores de QI, soulignant qu'ils ne devraient pas être le seul critère de l’évaluation du potentiel intellectuel.
Quelques recommandations pour les parents en vue d’une évaluation complète
Pour une évaluation plus complète de la douance, il est recommandé de combiner les tests de QI avec d’autres méthodes d’évaluation :
- Intégrer des évaluations qualitatives, telles que des observations comportementales, des entretiens entre les parents et les enseignants, et des évaluations de la créativité et de la sociabilité, peut fournir une vue d'ensemble plus complète des potentialités ou difficultés d’un enfant.
- Adopter une approche multidimensionnelle qui considère les intelligences multiples et les talents spécifiques peut aider à mieux comprendre le potentiel d’un individu. La théorie des intelligences multiples de Gardner (1983) propose un cadre pour évaluer une gamme plus large de compétences.
- Les évaluations à long terme et les suivis réguliers peuvent offrir une perspective plus précise sur les habiletés intellectuelles et les besoins de développement d’un enfant, permettant ainsi des ajustements dans les interventions pédagogiques.
En conclusion, bien que les tests de QI offrent des avantages significatifs pour l'évaluation de la douance, ils présentent également des limites importantes. Une évaluation complète et précise de la douance nécessite l'intégration des résultats des tests de QI avec d'autres méthodes d’évaluation, en tenant compte des dimensions variées du potentiel intellectuel et des facteurs socio-culturels. Cette approche holistique permet de mieux soutenir le développement des enfants doués et d'adapter les interventions à leurs besoins spécifiques.
Références :
- Gardner, H. (1983). Frames of Mind: The Theory of Multiple Intelligences. Basic Books.
- Helmreich, R. L., & Staw, B. M. (1974). The Influences of Cultural and Socioeconomic Factors on IQ. American Psychologist, 29(4), 295-306.
- Renzulli, J. S. (2005). The Three-Ring Conception of Giftedness: A Developmental Model for Differentiating Giftedness and Talent from Disability and Other Conditions. Prufrock Press Inc.
- Silverman, L. K. (2013). Giftedness 101. Springer Publishing Company.
- Sternberg, R. J. (2001). The Triarchic Theory of Intelligence. In Handbook of Intelligence (pp. 257-279). Cambridge University Press.
- Wechsler, D. (2008). Wechsler Intelligence Scale for Children (WISC-IV). Pearson.