Dans le domaine de l’intelligence humaine, une multitude d’acronymes a émergé au fil des années alors qu’avant tout le monde parlait de surdoué et aujourd’hui cohabitent : HPI (Haut Potentiel Intellectuel), HQI (Haut Quotient Intellectuel), THPI (Très Haut Potentiel Intellectuel), THQI (Très Haut Quotient Intellectuel), HPE (Haut Potentiel Émotionnel), THPE (Très Haut Potentiel Émotionnel), TTHPI (Très Très Haut Potentiel Intellectuel), THQI+, mais aussi EIP (Enfant Intellectuellement Précoce), EHP (enfant haut potentiel), APIE (Adulte à Haut Potentiel Intellectuel et Émotionnel), Zèbre, et bien d’autres encore. Cette prolifération sème la confusion et soulève une question essentielle : à quoi bon ces distinctions si elles ne font que complexifier un concept déjà difficile à cerner ? Servent-elles plutôt aux professionnels de la psychologie ou du développement personnel, ou servent-elles plutôt aux intéressés ?

Et si vous preniez 10 secondes pour y penser ?

heu d'ailleurs, aux États-Unis, un pays où on adore labelliser le moindre micro comportement, ils 'nont pas autant de classification, ils sont restés général dans leur approche se concentrant principalement sur les termes "Gifted" et "Highly Gifted". 

Les origines des acronymes : toujours la même volonté pénible de catégorisation

L'émergence de ces acronymes découle d'une volonté de mieux identifier, comprendre et classifier les individus dotés de capacités intellectuelles ou émotionnelles hors normes, dans le fond c’est louable. Le but initial était d’apporter des réponses plus précises aux besoins spécifiques de ces personnes, que ce soit dans le domaine de l’éducation, de la psychologie ou de l’accompagnement. Cependant, au fil du temps, ces classifications se sont multipliées, créant une sorte de jargon qui tend à diviser et complexifier, au-delà d’une vraie différence  mais également de vraies frontières fixes et fiables, plutôt qu’à éclairer.

HPI et HQI : Une distinction nécessaire ?

Le terme HPI, Haut Potentiel Intellectuel, qui revient peu ou prou au terme de surdoué ou zèbre, est souvent utilisé de manière interchangeable avec HQI, Haut Quotient Intellectuel, indiquant, lui, un score de QI élévé. Pour beaucoup, ils ne sont pas exactement synonymes. Le HQI se réfère strictement à une mesure chiffrée obtenue par des tests de quotient intellectuel, généralement au-dessus de 130. En revanche, le HPI englobe une approche plus globale, prenant en compte non seulement le QI, mais aussi des aspects comme la créativité, la curiosité, le questionnement, la capacité de pensée 360°, et l’intensité émotionnelle et peut d’ailleurs ne pas avoir été testé et ne pas connaître son QI exact à un instant T. Cette distinction renvoie l’idée  qu’un fonctionnement cognitif ou intellectuel et un score à un test étaient deux entités sans aucun lien.

Cette distinction, subtile, peut sembler nécessaire pour certains, mais elle risque aussi de segmenter davantage un domaine qui gagnerait à être unifié et en fin de compte, l’apport de cette distinction mérite d’être interrogé, or ce n’est jamais le cas. Je dirais même que dans blogs et podcast, il semblerait que certains pseudos experts s’y complaisent. Humm, demandez-vous ce qu’ils ont à y gagner, car après tout, rien n’est fait sans motivation.

Or la question c’est bien de définir ce qu’est l’intelligence et quels en sont ses composantes et ses degrés.

Les variantes THPI, THQI, et plus encore

Les acronymes comme THPI, THQI et leurs variantes tentent de différencier les individus selon des niveaux encore plus élevés de capacités intellectuelles. De là, sont nés des sous-groupes encore plus spécifiques comme TTHPI, THQI+, ou d’autres qui me sont probablement inconnus et qui cherchent à capturer des nuances de plus en plus fines en incluant des spécificités. Un de mes articles en explore les différences mais elles sont tout de même minimes et ne sont catalogués qu’empiriquement, ce qui ne leur offre pas une forte valeur probante. Cette surenchère de catégories peut devenir contre-productive, notamment parce qu’elle complexifie inutilement le diagnostic et peut contribuer à des attentes ou des pressions excessives sur les individus concernés sans leur apporter grand-chose en retour, surtout dans le cadre de tentatives d’auto diagnostiques par des lectures et en dehors de toute problématique à régler.

HPE, THPE, APIE : Le E pour intelligence émotionnelle, une dimension à part entière

L’ajout de termes comme HPE, THPE et APIE reflète une prise de conscience croissante de l’importance de l’intelligence émotionnelle. Comme si avant lorsque l’on parlait de « surdoué » cette dimension avait été oubliée…

Longtemps reléguée au second plan par rapport au quotient intellectuel, l’intelligence émotionnelle est aujourd’hui reconnue comme un facteur important de l’intellignece mais aussi de succès personnel et professionnel. Toutefois, là encore, la multiplication des catégories pose la question de leur utilité réelle. Et puis cette compétence peut s’acquérir ; se pose alors la question de l’intérêt d’en faire une dimension.

Vers une conception unifié et nécessaire de l’intelligence

La prolifération de ces acronymes, bien qu’animée par une volonté de précision, finit par complexifier l’appréhension de l’intelligence, sans apporter grand-chose, que ce soit dans sa compréhension globale ou encore dans les possibilités d’accompagnements. Plutôt que de s’enfermer dans des classifications de plus en plus pointues, ne vaudrait-il pas mieux revenir à une vision plus holistique de l’intelligence, qui considère chaque individu dans sa globalité, sans chercher à le réduire à un acronyme ? L’intelligence, qu’elle soit intellectuelle à la manière du QI et de son empreinte scolaire, multiple ou émotionnelle, est une qualité humaine qui ne peut être pleinement saisie par des catégories rigides et qui est en perpetuelle évolution au cours de la vie. Il est peut-être temps de simplifier cette approche, pour mieux reconnaître la richesse et la diversité des talents individuels. Cette forme d’inclusivité frôle le ridicule.

Pour une intelligence hors cadre

Si les acronymes HPI, HQI, THPI, THQI, HPE, THPE, TTHPI, THQI+, Zèbre, EIP, APIE sont utilisés sans vraiment représenter ou mettre en lumière des aspects variés de l’intelligence humaine et des spécificités de fonctionnement, ou uniquement pour certains experts qui se congratulent entre eux de se comprendre, alors quelle en est leur utilité réelle.

Simplifier notre manière de penser l’intelligence pourrait non seulement faciliter l’accompagnement des personnes à haut potentiel, mais aussi contribuer à une vision plus inclusive et moins segmentée de cette qualité humaine complexe et précieuse mais qui peut également se développer.

Ne faudrait-il pas plutôt s’interroger sur le rapport de chacun au questionnement mais surtout à ce qu’il en fait ?

Nous pouvons penser à trois dimensions, la première celle de la lucidité qui se construit par une compréhension globale des différents enjeux d’une situation, plus lointaine la représentation de la situation est, plus nombreux seront les liens et influences multiples y compris entre eux et ensuite, pour que cette lucidité puisse émerger, jusqu’où le sujet s’autorise à questionner le monde, la société et les normes et enfin dernier point, une fois qu’il a questionné l’établi, reste-t-il dans l’acceptation simple de la limite ou se donne-t-il les moyens du changement ?

Car après tout, au-delà de ces constatations sur l’intelligence, du j’en suis un et vous en êtes un autre, quels en sont les effets sur l’individu, la société ou le monde ?

Et plus simplement, est-ce que le THQI+, se sent plus considéré, apprécié, valorisé, compris et se sent mieux ?

Dans un système où tout le monde est libre de s’exprimer, manipuler et agrémenter les concepts et promouvoir ses idées, il devient très difficile de contrôler la débandade intellectuelle.