Perdre la face, enjeu de construction personnelle ?
Nous avons tous dans notre entourage, proche ou digital cet individu-là. Comment considérer le mur qu’est l’autre ? Que ce soit de l’obscurantisme réflexif ou de l’orgueil, la question intérieure pour beaucoup d’individus n’est-elle pas parfois simplement de ne pas perdre la face ? C’est amusant de constater comment certaines personnes, pour ne pas se sentir en porte-à-faux, ne pas se sentir dévalorisés, ne pas se remettre en question, ne pas accepter leurs erreurs de raisonnement devant tous, s’enfoncent alors dans leur connerie faisant mine de ne pas voir, de ne pas entendre. L’antichambre de la communication tournante. Mais cela marche aussi, pour d’autres raisons, avec les mensonges, que l’on ait affaire à un évènement isolé ou un mythomane, mais dont le mécanisme est différent puisque lui cherche à se faire voir plus beau qu’il n’est.
Et en y tenant alors coute que coute, n’écoutant plus rien, ne répondant plus, ne participant plus au débat. La fuite (enfin ce que l’on appelle aujourd’hui l’ignorance pour ne pas perdre la face justement) devient pour eux la seule solution.
Ils tiennent leur posture, leur rôle, leur discours, de défenseur de tel ou tel sujet en se gardant bien de s’intéresser ouvertement à un autre point de vue, un autre raisonnement sur la question, sujet dont ils sont l’origine, et cela, quels que soient les arguments présentés.
Comme s’il y avait un véritable enjeu de valeur propre. Que faire évoluer sa pensée était le signe que l’on était con.
Pourtant, cela ne peut pas faire avancer sa propre réflexion, ni donner de l’inspiration aux autres, ni faire progresser l’intelligence humaine et encore moins le débat.
Cela n’a que des désavantages, à part pour l’individu lui-même qui peut continuer à se voir dans le regard des autres, à la manière dont il le souhaite. Et par là faire perdurer l'illusion.